La peur de disparaître

Publié le 8 Janvier 2019

[Cet article est extrêmement hétérocentré. Ce n’est pas que j’oublie les LGBT mais ce n’est pas le sujet dont je traite aujourd’hui]

J’approche doucement la trentaine et, quand j’y réfléchis, je ne peux pas m’empêcher d’éprouver une peur panique. Tout simplement parce que je sais que le produit-moi va perdre de sa valeur sur le marché de la bonnassitude, et qu’en tant qu’escorte, mes tarifs ne feront que baisser avec les années. Triste réalité à laquelle je n’aime pas trop penser.

Récemment, je me suis retrouvée face à un client de plus de 60 ans qui m’affirmait n’avoir jamais couché avec des femmes qui avaient dépassé la trentaine. Il parlait des femmes de son âge avec une grimace de mépris en m’expliquant qu’il n’arrivait même pas à les regarder – elles étaient dégueulasses paraît-il – et certainement pas à les envisager. Ça m’a mise hors de moi. J’ai eu envie de lui jeter n’importe quoi à la figure. J’ai eu envie de lui dire qu’il était moche, qu’il était imbaisable, que moi je le baisais juste parce que j’étais payée. J’ai eu envie de lui demander si il croyait vraiment que les minettes de 25 ans qu’il se tapait se masturbaient en pensant à lui. Mais juste. La CONFIANCE quoi. Insupportable. J’ai eu envie de lui demander pour qui il se prenait à dénigrer les femmes de son âge, à taper dans des femmes qui en avaient moins de la moitié, et à trouver ça parfaitement normal. J’étais furieuse qu’un con comme lui puisse se permettre de faire la fine bouche comme si ça lui était dû.

Toutes les femmes sont belles

Pourquoi tant de sensibilité ? Pourquoi les paroles de ce client m’ont-elles autant énervée ? Probablement parce qu’elles venaient me toucher en plein cœur – elles me montraient très brutalement que le jour où j’aurai 60 ans, des hommes de mon âge parleront de moi avec la même grimace, le même mépris. Un jour, je serai périmée, invisible, imbaisable aux yeux de beaucoup. Un jour, plus personne ne voudra me payer pour baiser. Plus personne ne fera des envolées lyriques sur mon cul, mes seins, mes hanches, mes jambes, en me disant à quel point mon corps est extraordinaire – ce qui est faux, d’ailleurs, mon corps ressemble aux corps de toutes les autres escortes de mon agence.

Parce que, dans mon agence (chère), il n’y a que des meufs jeunes, minces, valides, cis, très majoritairement blanches (les rares non-blanches ayant l’immense plaisir d’être présentée comme des perles d’exotisme et fétichisées à souhait).

Et je crois que c’est bien ça qui m’a énervée dans les paroles de ce sexagénaire plein de confiance. Ses paroles venaient contredire ce en quoi je voulais croire, c’est à dire que la hiérarchie de la baisabilité n’existe pas et que toutes les femmes sont belles, y compris celles qui sortent de la norme des conventionnellement jolies : les vieilles, les grosses, les trans, les handicapées, les poilues, les musclées, celles qui viennent d’accoucher, celles qui ont les seins qui pendent, celles qui n’ont plus de seins du tout. J’avais envie d’oublier que je suis en plein dans les normes de beauté du moment et de l’endroit, et qu’un jour j’en serai éjectée.

Je voulais croire que le privilège de la beauté n’existe pas, mais c’est stupide. En fait, les femmes savent toutes très bien où elles se situent sur l’échelle de la bonnassitude. Déjà parce qu’elles voient très bien quels corps sont mis en valeur dans les magazines et les pubs. Et ensuite, parce qu’elles se rendent bien compte des privilèges qu’elles tirent ou non de leur physique : perso, les gens ont tendance à venir vers moi, à me sourire, à être sympa, à me faire confiance, me prendre en stop, m’excuser quand je fais des erreurs, me rappeler pour un entretien quand j’envoie des CV. Les hommes me regardent, me portent de l’attention, portent mes valises et me tiennent les portes, me font plein de compliments – et aussi, dans mon cas, ils me paient grassement pour coucher avec eux. Dire aux femmes qu’elles peuvent toutes être considérées comme sexy et désirables de manière égale, c’est les prendre pour des connes. On voit très bien que certaines putes peuvent se permettre de coûter plus cher que d’autres.

Le problème, ce n'est pas tellement que certaines personnes soient perçues comme plus désirables que d'autres, mais plutôt qu'être désirable, pour une femme, soit considéré comme une obligation, un but à atteindre à tout prix pour pouvoir être acceptée - quelle femme n'a jamais entendu "oui, tu as [tel défaut physique] mais t'inquiète pas, y'a des hommes qui aiment ça".

Tous les corps sont beaux

On a envie de se dire que toutes les femmes sont belles. Tous les corps sont beaux. Y compris ceux des hommes ? Naaaaaan, lolilol, les hommes ne sont pas beaux, eux. Pas grand monde, dans le mouvement body positive, ne va réclamer le droit des hommes à être considérés comme désirables. Et pourtant, les normes existent pour eux aussi, et elles sont drastiques – par exemple, presque 50 % des femmes refusent de sortir avec un homme plus petit qu’elles (contre seulement 13,5 % des hommes qui refuseraient de sortir avec une femme plus grande qu’eux). Pour autant, on imagine mal la ferveur populaire défendre le droit d’un homme petit à être considéré comme sexy – parce qu’on s’imagine mal défendre le droit d’un homme, tout court, à être considéré comme sexy (Et ne me parlez pas de Tom Cruise, tous les plans caméras sont faits pour le faire paraître plus grand qu'il n'est en réalité) (et 1m70, c'est pas non plus si petit que ça). Alors, imaginez un homme qui n’est pas dans les normes… J’attend le moment où on viendra me dire que le corps d’un homme petit, vieux, obèse, poilu et handicapé est super sexy.

En fait, un homme petit, vieux, obèse, poilu et handicapé, c’est souvent l’image cliché qu’on a des clients de la prostitutionet on se demande avec horreur comment de jeunes et belles escortes arrivent à coucher avec ÇA, les pauvres.

Sauf qu’on se dit que pour un homme, c’est pas grave d’être considéré comme moche. Les hommes ne sont de toutes manières pas faits pour être sexy. Les hommes sont désirants, les femmes désirées. Les hommes sont sujets, les femmes sont objets.

En fait, la plupart des hommes hétéros traversent leur vie sans jamais savoir ce que ça fait, que d’être désiré pour leur corps – ou même désirés tout court. Comme les femmes moches, en fait, dont on réclame pourtant haut et fort le droit d’être baisables comme les autres. D’ailleurs, dans cette petite expérience sur un site de rencontre, l’homme classé le plus beau reçoit à peine plus de demandes que la femme classée la plus moche. Sur l’échelle du corps baisable, les hommes perdent à tous les coups.

Les vieux qui ne désiraient pas les vieilles

Alors, quand un homme – plus trop jeune et pas très beau – se permet de dire qu’un corps d’une femme de 25 ans c’est extraordinaire alors qu’un corps d’une femme de 50 ans ce n’est pas extraordinaire du tout, ça provoque un sacré tollé. (Parce que vous vous doutez bien que je voulais en venir à Yann Moix) (Mais je n’aime pas trop réagir à chaud sur des sujets d’actualité d’habitude donc j’ai pas direct taillé dans le vif).

D’un coup, on réagit. Pour qui il se prend, lui, il se croit beau ? Il se croit désirable ? On lui envoie des photos de meufs de 50 ans ultrabonnes pour lui montrer ce qu’il rate. On lui envoie même des photos de ses fesses, quand on a cinquante ans, pour lui montrer que des fesses de 50 ans, ça peut être aussi galbé et ferme que des fesses de 25. On s’offusque que des hommes comme lui se permettent de prétendre à 1000 fois mieux qu’eux (et c’est le moment où je prends des pop corn en vous laissant m’expliquer en quoi 25 ans, c’est 1000 fois mieux que 50 ans). On lui envoie des « ben toi non plus tu me plais pas, nananère ». Big up (non) à celles et ceux qui lui ont dit qu’il était moche et/ou avait une petite bite et/ou une tête de cul.

On essaie de lui prouver qu’une femme de 50 ans peut être désirable et qu’il devrait taper dans sa catégorie, au lieu de les snobber pour des plus jeunes qu’il ne mérite visiblement pas. En avouant du coup à mi-mot que les plus jeunes c'est quand même la catégorie au dessus des plus vieilles. Paradoxe.

Presque comme si on lui disait « SI, LES FEMMES DE 50 ANS SONT DÉSIRABLES ! Dis le ! Dis le qu’elles sont désirables ! Dis le qu’elles peuvent te faire bander ! »

Sujet sexuel

Alors bon, je comprends. J’ai eu très très envie de faire pareil avec mon client (d’ailleurs j’ai pas résisté et j’ai quand même lâché 2-3 phrases pas piquées des canneberges). J’ai eu très très envie de lui arracher de la bouche qu’à 60 ans, je serai toujours bonne – alors qu’objectivement, si j’avais 60 ans, j’aurais envie de me taper tout le monde sauf l’abruti auto-satisfait qu’il est. Tout ça parce que j’étais vexée comme un poux.

Mais pour finir, je me dis qu’il y aura peut être plein d’avantages à ne plus être baisable. A être disqualifiée d'office. A ne plus être évaluée, jugée, catégorisée pour mon corps. Peut-être que je n’en aurai plus rien à foutre d’être moche. Finalement, c’est pas ça la vraie libération des femmes ? Au lieu d’essayer d’être bonne-quel-que-soit-mon-corps, se libérer du diktat d’être bonne ? Agir au lieu de paraître ? Finalement, se faire tacler de moche n’a pas l’air de trop freiner les hommes – je doute que ça les laisse de marbre (soyons honnête, ça ne laisse personne de marbre) mais ils n’ont pas l’air de trop s’en formaliser.

Comme dit Maïa Mazaurette :

« Hey. On peut être moche-grosse-vieille-insérez ici l'obsession sociétale du moment, sans que ça détruise la confiance. Pas mal d'hommes, à qui on autorise une plus grande diversité des talents, se remettent parfaitement de leur laideur : ils joueront sur un autre tableau et hop. J'aimerais que les femmes puissent se dire à un moment : je suis moche ET je vais avoir une vie formidable. »

Ça sera peut-être pas si mal de ne plus être un objet sexuel. Peut être que je pourrai enfin m’autoriser à être un sujet. Parce que en théorie, les deux ne devraient pas être mutuellement exclusifs – mais en pratique, ils le sont souvent.

Peut-être que quand je ne pourrai plus m’exciter à l’idée qu’un homme s’excite sur mon corps, je m’autoriserai à m’exciter sur le corps des hommes. J’espère qu’avec l’argent que j’aurai économisé de la puterie, je pourrai me payer des escortes – et pas des vieux hein, des mecs jeunes qui ressembleront au Kit Harington de maintenant, je vais me gêner, tiens. D’ailleurs, petit message perso aux garçons qui naîtront dans 10 ans, si vous pouviez vous arranger pour ressembler à Kit Harington et à devenir escortes quand j’aurai 50-60, ça m’arrangerait vachement merci bisous.

Cette image est tellement gratuite que j'ai honte.

Cette image est tellement gratuite que j'ai honte.

(Précisons d'ailleurs que Kit Harington en a marre d'être considéré comme un objet sexuel et d'être considéré plus pour son physique que pour ses talents d'acteur) (Comme les femmes dans la même situation en fait, sauf que dans son cas on ne s'en révolte bizarrement pas trop)

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Peut-être que quand je n’envisagerai plus que mon corps puisse être un objet de désir, je me dirai que j'ai d'autres atouts qui valent parfaitement le coup, et j’aurai l’audace de draguer des jeunes hommes 1000 fois mieux que moi en me disant que mon assurance, mon expérience ou ma maturité les séduiront. Peut-être même que ça marchera.

(Bon, j’espère quand même que je ne serai pas assez conne pour exotiser des mecs non-blancs de manière bien raciste en voyant pas où est le problème)

Et peut-être même que je pécho personne, et j’en aurai rien à foutre, parce que je me considérerai enfin pleinement et totalement pour autre chose que pour ma capacité à faire durcir des bites.

Et j’espère que quand ce moment arrivera, je ferai un high five mental à la même-pas-trentenaire que je suis aujourd’hui, en lui disant que ses insécurités sont infondées, et qu’elle n’a pas à avoir peur. Que ne pas être considérée comme un objet sexuel, finalement, c’est pas si mal.

Peut-être même que, juste pour faire chier, je dirai dans une interview publique que, bwof, moi les mecs de 50 ans, je ne les trouve pas extraordinaires, en fait, je les trouve invisibles, ils ne m’attirent pas, c’est tout.

Et si ça se trouve, dans ce monde imaginé du futur, ça provoquera un tollé, que plein de mecs m’enverront des photos de leurs fesses ou des photos de futurs Georges Clooney, essayant de me prouver que j’ai tort. Et je je ne pourrai que m’amuser de l’ironie, à voir ces hommes qui me reprochent de les traiter comme des objets, tout en s’offusquant que je les disqualifie comme objet de mes fantasmes.

L’ironie de vouloir être désirés par quelqu’un qu’ils ne désirent même pas. Car, finalement, pour citer Virginie Despentes :

« Je m’en tape de mettre la gaule à des hommes qui ne me font pas rêver »

Et oui, je devrais m’en taper.

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E
Bah super. On vient au nouvelles et on se rend compte que les mystères sont de mise sur une des clefs de compréhension :<br /> <br /> Était ce de la canneberge bio ?
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M
Très bon article qui respire l'honnêteté sur un sujet difficile bravo.<br /> <br /> Vous savez votre vieux client n'a pas choisi d'être dégoûté par les femmes de son âge. Yann Moix non plus évidemment. Si ils n'avaient pas leur argent et célébrité pour se taper des jeunettes peut-être que leurs standards baisseraient avec le temps mais ce n'est de toute façon pas un choix. Et, évidemment, ils se contrefichent que les minettes fantasment sur leurs corps ou pas, du moment qu'elles obtempèrent (et vous le faites, donc vous les maintenez dans leur état).<br /> <br /> Les hommes préfèrent toujours les femmes jeunes et ce n'est pas un choix et certainement pas un plaisir car très peu y ont accès. Personnellement ça m'angoisse de me retrouver à ressembler à votre client, j'aimerais mieux être chimiquement castré que de vivre dans un désir permanent pour des femmes inaccessibles. J'espère de tout cœur que je désirerai encore ma femme quand elle aura 60 ans. <br /> <br /> Je me sens quand même obligé de dire qu'il est illusoire d'espérer que cette asymétrie homme/femme change. Les hommes plaisent beaucoup via leur célébrité et statut social (d'où une obsession bien plus grande des femmes pour les acteurs célèbres qui combinent statut et beauté). Ça permet à des Donald Trump de chopper sans problème. Les hommes se fichent du statut d'une femme quand il s'agit de coucher avec. Qu'elle soit présidente ou chômeuse c'est pareil (mais pas quand il s'agit de parler avec, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit). Je vois tous les jours à Paris des femmes que je trouve aussi attirantes que n'importe quelle star de cinéma.
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M
Pour commencer, je suis le seul et unique commentaire, pour l’instant, de votre précédente publication (je ne m’étais pas encore trouvé de pseudo taillé sur mesure).<br /> <br /> « presque 50 % des femmes refusent de sortir avec un homme plus petit qu’elles »<br /> <br /> Je peux vous assurer, selon mon expérience, que c’est bien au-delà d’une femme sur deux lorsque l’on mesure un mètre cinquante-quatre comme moi.<br /> Ce sondage ne prend pas en compte les paliers de taille physique. On n’essuie pas le même nombre de refus avec les femmes quand on mesure un mètre soixante-dix et si on taille comme moi.<br /> En outre, le problème des sondés est qu’ils ou elles sont partagé(e)s entre ceux/celles qui sont sincères dans leurs réponses et ceux/celles qui ont pris l’habitude de toute une vie de protéger leurs images sociales. Je suis persuadé que dans le lot de celles que ça ne dérangerait apparemment pas, certaines ne voulaient certainement pas passer pour des discriminatrices de bout d’hommes.<br /> Tout comme, treize pour cent d’hommes refusent de sortir avec des femmes plus grandes qu’eux… à partir de quel palier ? Beaucoup d’hommes refuseraient de sortir avec une femme d’un mètre quatre-vingt-dix, par exemple, et le pourcentage dépasserais de très loin les treize pour cent. Quels que soient les cas, les vrais chiffres ne peuvent être réellement connus que par l’expérience personnelle et non pas par des sondages. Et il faut être concerné pour le savoir.<br /> Le stigmate social d’un homme petit et plus il l’est plus son cas empire, est d’être socialement dévalorisant pour la grande majorité des femmes. La principale raison : les femmes savent qu’ils sont ou ont été récurremment humiliés par les autres hommes.<br /> Les flétrissures commencent très jeune dans les cours de récréation.<br /> Les jeunes filles en fleurs n’humilient pas les hommes de petite taille, ce sont d’autres garçons qui s’y rabaissent. Pas tous, mais assez pour que ce soit manifeste.<br /> On est raillé, moqué, traité de nain même quand nous ne sommes pas affublés de ce type de morphologie et les dégueulasseries peuvent aller jusqu’à jouer avec nous physiquement (comme de se faire soulever du sol pour faire rire tout le monde ou de se prendre des petites claquettes sur le crane, parce qu’ils ont vu cela la veille avec le petit vieux dans Benny Hill). On devient le récipiendaire d’une nouvelle forme légère des antiques sacrifices humains.<br /> Les jeunes donzelles ne font pas de telles infamies à des hommes comme moi. Cependant, elles le voient ou elles entendent ce que d’autres garçons disent de nous. Elles en développent l’idée inconsciente que de s’intéresser à nous sera socialement dévalorisant (nous sommes des créatures sociales) et finissent par nous humilier à leur tour sans même sans rendre compte.<br /> De toutes les femmes que j’ai tenté de séduire dans le passé, aucune ne m’a éconduit normalement. Elles m’ont toutes renvoyé à ma petite taille. Jamais aucune ne m’a simplement dit « non » ou « ça ne m’intéresse pas » ou « je suis déjà avec quelqu’un ». J’ai toujours eu droit à des « tu es mignon, mais tu es trop petit pour moi » ou « je ne me sentirai pas protéger », etc., et là, c’est quand elles ne sont pas énervées.<br /> Toutes excepté, ce qui m’a toujours surpris, les plus belles femmes qui ne m’ont jamais éconduit ou presque en me giflant ma taille au visage. Je n’ai jamais compris pourquoi. C’est pour cela que je disais dans mon commentaire précédent que les femmes comme vous ont été gentilles avec moi. Vous imaginez le paradoxe de la situation : je considère comme des femmes gentilles celles qui m’ont rejeté normalement en restant élégantes. Depuis, j’ai tendance à les défendre quand j’entends des clichés sur elles.<br /> J’ai fait une croix sur les femmes à trente ans (j’en ai bientôt quarante-cinq), après la dernière tentative de ma vie qui a été le plus violente et non moins exécrable. J’ai eu « l’outrecuidance » de tenter de séduire une femme devant son groupe de copines. Elle s’est sentie tellement honteuse à cause du regard social qu’elle m’a vilipendé d’un « dégage insecte ! ». Ça a été la goutte d’eau. Une semaine après, je ferai la seule et unique tentative de suicide de ma vie. Suite à ça, j’ai développé un blocage psychique incapacitant avec les femmes qui se nomme « le syndrome de la timidité amoureuse » ou « love-shyness » en anglais (le terme français est ridicule et trompeur). Dès qu’une collègue de travail me plaisait et qu’elle s’approchait trop près de moi, je pouvais aller jusqu’à faire des bouffées d’angoisses.<br /> J’ai développé des complexes sur le tard et je suis parti en moulinette d’obsessions en me vautrant dans un cauchemar d’autodestruction. Je buvais jusqu’à dix cafés chaque matin, trois bédos tous les soirs et une dizaine par jours chaque week-end, beaucoup d’alcool et la pire des addictions que j’ai connues, car la plus longue à résilier, la pornodépendance avec onanisme compulsif.<br /> Quand on est en misère affective et qu’on développe des affres psychologiques, la pornodépendance est malheureusement efficace momentanément comme placebo pour ne pas ressentir le manque affectif, sexuel et une sensation de vide existentielle. Il m’a fallu des années pour m’en sortir.<br /> J’ai dû faire une psychothérapie cognitivo comportementale pour curer une à une chacune de mes éreintantes addictions (les affronter toutes en même temps m'était impossible) pendant de nombreuses années, de trente-trois à quarante ans.<br /> Ce qui me sauvera la vie est l’autohypnose et surtout la méditation de pleine conscience.<br /> L’autohypnose pour recréer une estime de moi-même saine et non pas haute (on fait souvent l’erreur de croire que l’estime de soi doit être haute, ce qui amène à une absence d’humilité et développe de l’arrogance. Il faut qu’elle soit saine. Prenez Joeystarr, Mélenchon et Manuel Valls, on voit tout de suite qu’ils ont des estimes d’eux-mêmes très hautes pour compenser le fait qu’elles ne soient pas saines et ainsi se noient d’arrogances notoires). Je n’ai presque plus besoin actuellement de la pratiquer.<br /> Par contre, je suis devenu complètement accroc à la méditation. Ces effets sont incroyables.<br /> Elle offre les mêmes effets myorelaxants, et voire supérieur sur le long terme, sur le système nerveux que le cannabis, sans effets psychotropes et sans détériorer icelui sur le long terme. Elle apprend à dominer ses pulsions et à maitriser ses émotions. On développe grâce à elle un calme impérial. On se sent bien, serein et d’un moral de champion du monde.<br /> Elle m’a aussi énormément aidé dans mon activité secondaire de trader. J’ai réellement commencé à gagner de l’argent et de plus en plus grâce aux faits que je ne prends plus de positions sur les marchés de manière impulsive. Je suis désormais capable d’avoir le bon timing en attendant des heures sans irritation.<br /> Elle est également opérante pour curer l’aigreur, les frustrations et l’amertume. Je suis redevenu à quarante ans le gentil garçon que j’étais avant.<br /> Ma vie affective et sexuelle n’a toujours pas changé, mais je ne ressens plus le manque affectif, sexuel et n’éprouve même plus la solitude et l’ennui. Une pharmacopée miracle.<br /> Le seul complexe qui me reste encore est au niveau de ma dentition. Je l’ai tellement massacré par des années d’autodestruction que je dois me refaire les dents entièrement (dans les 32 000 euros en Bulgarie et 80 000 en France pour la meilleure qualité, celle d’un sourire de star). C’est la raison principale pour laquelle je me suis lancé dans le trading.<br /> C’est dommage, car je suis très bel homme pour tout ce qui dépasse en hauteur mon cou.<br /> J’ai un beau visage avec beaucoup de charme. Ce n’est point un abus de perception de ma part, quoique le caractère imbu du propos puisse le laisser paraitre. De ce point de vue, je ne démérite pas face à votre désirable sucrerie, Kit Harington.<br /> Si j’avais été aussi grand que lui et pas avec cette dentition insalubre à la Didier Deschamps, je pourrais peut-être même vous faire chavirer le cœur. Qui sait ?<br /> <br /> Dans mon prochain commentaire, je parlerai cette fois de la polémique Yann Moix, en prenant le risque de peut-être vous déplaire.
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D
Merci pour ce témoignage. Moi aussi je pratique la méditation pleine conscience (vipassana) avec tous les effets bénéfiques que vous décrivez. Bonne chance à vous.
M
Beaucoup de femmes rêvent secrètement d’être d’une beauté démoniaque à faire repousser les roubignoles d’un eunuque, tout en s'en défendant, mais n’ont pas conscience du stigmate social engendré. Surtout que dans votre cas, vous le doublez avec celui de la prostituée.<br /> Selon moi, il n’y a qu’un seul avantage d’être une femme d’une beauté certaine : le fric.<br /> Vous avez plus de faciliter à réussir financièrement que d’autres femmes. Par la prostitution de luxe, le mannequinat, si vous faites de hautes études, d’avoir par la suite un bon poste avec l’aide d’hommes sexuellement intéressés, en leur faisant croire subtilement en un retour sur investissement que vous n’aurez pas besoin d’honorer par la suite, ou alors si le dégout ne vous inspire pas trop, de vous trouver un bon partie, plus de facilité à faire un métier de rêve comme actrice, etc. <br /> Bien sûr, ça demande aussi d’autres atouts, mais la beauté facilite grandement l’ouverture des portes de la réussite.<br /> Excepté cela, pour le reste, il n’y a que des désavantages à être très belle. Et les désagréments sont de l’ordre du social humain.<br /> Vous êtes automatiquement considérées comme de bonnes grosses connes… soyez belles, mais fermez-là, et vues par défaut comme de pétaradantes pétasses superficielles.<br /> Vous êtes considérées comme méprisantes, alors qu’en général, vous êtes gentilles, enfin du moins avec les hommes comme moi. Si souvent dans la rue, vous avez des attitudes de morgue, de froideur sibérienne, ce n’est pas par mépris, mais pour qu’on vous lache la grappe que vous n’avez pas.<br /> Vous êtes considérées comme des chasseuses de riches, alors que ce sont eux qui vous traquent, vous sollicitent et non l’inverse malgré ce que l’on pourrait croire.<br /> Vous êtes insultées dans la rue et méprisées par des hommes qui rêvent de vous avoir à leur bras, mais ne s’en sentent pas capables. On veut toujours détruire ce qu’on ne peut pas avoir follement.<br /> Vous intimidez les hommes les plus gentils au point où ils bloquent psychologiquement avec vous et attirez les plus arrogants et les plus cons qui se croient déjà arrivés et tout permis.<br /> Vous avez le mépris de beaucoup d’autres femmes qui vous jalousent, parce qu’elles rêvent d’être à votre place, sans en imaginer les inconvénients.<br /> Vous êtes narcissiques, capricieuses et imbues de vous-mêmes (alors que beaucoup de belles femmes sont complexées et effacées), bref de grosses chieuses, selon tout le monde et Éric Zemmour.<br /> Les hommes de culture pornographique rêvent secrètement de vous transformer en esclaves sexuelles, aussi avec certaines lesbiennes de même culture, et font des allusions à peine voilés en ce sens.<br /> Les autres hommes se font des films dès que vous les regardez banalement (on y a tous cru). Vous êtes forcément folle d’eux pour le moindre regard de curiosité comme on regarderait un pigeon quand on s’ennuie sur le quai d’un RER de banlieue.<br /> Vous avez été toutes tellement survalorisées par le monde des médias, de la mode et de l’industrie des relations publiques, se servant du fantasme de votre beauté pour manipuler les désirs humains afin de vendre des produits, que vos beautés se retournent contre vous-même et vous devenez toutes un physique atypique comme dans une foire aux monstres, mais cette fois avec de beaux monstres et à l’air libre (personnellement, je n’arriverai pas à subir une telle pression psychologique devant ces excès de désir). Les nains ou les handicapés sont matés avec effroi et nous laisse momentanément coi d’un sentiment fugace et indicible d’injustice que l’on se refuse de ressentir jusqu’au bout, tellement le malaise est palpable sur le visage de l’observateur. Pour les créatures de rêves, l’excès est inverse. Les professionnels de l’image ont tellement surinvesti la beauté féminine qu’elle colonise l’esprit de tout le monde, au point où chacune de vos apparitions urbaines devient un spectacle hallucinatoire, quasi éthérés qu’on a l’impression de déesses antique du mont de l’Olympe. Vous êtes matées à l’excès comme si on était tous de la STASI. Vous ne pouvez imaginer l’effet de prégnance psychologique engendré chez les hommes devant de telles superbes visions (mais aussi la détestation par contre-réaction psychologique, lorsque l’on retombe dans sa propre réalité morose). On vous veut, vous rêve, vous marquer du sceau de notre possession, vous happer, dans l’unique but égotique de se valoriser socialement à votre contact, car votre apparence est si survalorisée que votre âme en devient inexistante. On veut baiser votre beauté, pas la femme qui s’y trouve derrière.<br /> <br /> Sinon, j’ai une thèse sur les belles escorts. Elle vaut ce qu’elle vaut et je peux me méprendre.<br /> Les clichés sur les escorts stipulent qu’elles auraient été violées dans leur enfance ou à l’adolescence (ce qui peut être le cas, mais pas plus que chez les secrétaires de direction et les caissières), ou après une rupture sentimentale qui les aurait dégoutés définitivement de l’amour.<br /> Je pense pour ma part que le calcul est le suivant : « quitte à être considéré comme une femme vénale qui ne recherche que les hommes fortunés, à être autant objectivé, et que ça ne changera jamais, alors autant que ce soit réellement le cas et que ça rapporte ! ». Ou alors « vu que le sexe est surévalué et que je n’ai pas tant pris mon pied que ça ou que ce n’est pas pour autant que je m’attache aux hommes avec lesquels je couche, alors autant que mon vagin devienne carnassier et rentable ».<br /> Je peux me tromper ou tout le processus peut être inconscient, je ne sais pas, car je ne suis pas dans vos têtes pour en être certain.<br /> Ensuite, bien sûr, existent celles qui le font par nécessité économique, qu’elles aient une forte libido ou pas.<br /> Dans un autre commentaire, je vous parlerai cette fois des stigmates sociaux pour les hommes comme moi, surtout que vous l’avez évoqué dans votre publication.<br /> Tout comme vous, j’ai un handicap à surmonter avec les femmes et les hommes. Celui de faire en sorte qu’on ne s’arrête pas à mon physique (survalorisé à l’excès pour le vôtre, et dévaloriser à l’excès pour le mien, ayant pour point commun d’être perçu comme des physiques atypiques pour des raisons différentes). Je pense que vous avez compris que je suis un homme de très petite taille.
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