Des violences faites... aux femmes?

Publié le 2 Juillet 2017

[TW: viol et violences conjugales]

Les violences conjugales et les violences sexuelles sont-elles des violences sexistes envers les femmes ?

Oui, nous répondront la plupart des gens. Le viol et les violences conjugales, ce sont des violences que les hommes font aux femmes.

Analysons.

Viols et violences sexuelles

Mais donc. Les violences sexuelles sont un fléaux. Des millions de femmes ont été victimes de viol. D’après Le Monde, une femme a une chance sur sept de subir un viol au cours de sa vie.

Les hommes aussi sont victimes de viol.

Statistique fort surprenante en effet.

Statistique fort surprenante en effet.

Ben oui, surprise… 38 % d’hommes. Plus du tiers des victimes de violences sexuelles sont des hommes.

Peut-on, dans ce cas, continuer de qualifier le viol de « violence sexiste » envers les femmes ?…

Le même article de Slate dit que « le pourcentage d'hommes victimes de viols et de violences sexuelles oscillait entre 5% et 14% » (et on se doute bien que ces chiffres sont très probablement en-dessous de la réalité). Entre un homme sur vingt et un homme sur sept, donc.

Un homme sur sept...

Culture du viol

Selon Wikipedia :

La culture du viol est un concept établissant des liens entre le viol (ainsi que d'autres violences sexuelles) et la culture de la société où ces faits ont lieu, et dans laquelle prévalent des attitudes et des pratiques tendant à tolérer, excuser, voire approuver le viol.

Selon Madmoizelle, pour les femmes, ça veut dire ça :

C’est par exemple un environnement qui culpabilise les femmes quant à leurs tenues et leur apparence. Dire (ou penser) qu’une femme victime de viol qui se balade seule le soir en talons et en mini-jupe “l’a bien cherché”, c’est faire peser sur la victime la responsabilité du crime – car le viol est un crime, n’est-ce pas (ce petit rappel est important pour la suite)

Et pour les hommes ? Hé bien voilà ce que nous dit le même article de Madmoizelle :

"Les hommes sont également victimes de cette culture du viol ; pour tous les personnages féminins de film ou de série qui subissent des violences sexuelles, il y a un ou plusieurs hommes dépeints comme des animaux incapables de contrôler leurs pulsions."

Ah. Euh. C’est très juste, mais… Enfin… Non, pardon, je voulais dire, comment la culture du viol prévaut-elle «  des attitudes et des pratiques tendant à tolérer, excuser, voire approuver le viol » SUR LES HOMMES ? En fait, comment la culture du viol dépeint-elle les hommes victimes ?

American Pie. Comment tuer son boss. Ou toute cette pop-culture qui nous dit qu’un homme, ça ne peut pas être violé, tout simplement, ou alors c'est juste drôle. Surtout quand c'est fait par une femme.

Source : le forum de Jeux Videos (pour celleux qui ne connaissent pas le joli monde de l’internet : Jeuxvideos.com est un nid à trolls qui aiment bien s'attaquer aux féministes de temps en temps. Ils font partie des rares trolls qui sont venus - brièvement - troller ce blog)

Source : le forum de Jeux Videos (pour celleux qui ne connaissent pas le joli monde de l’internet : Jeuxvideos.com est un nid à trolls qui aiment bien s'attaquer aux féministes de temps en temps. Ils font partie des rares trolls qui sont venus - brièvement - troller ce blog)

Pour les hommes violés par des hommes ? Pulp Fiction. Las Vegas Parano. Délivrance. Le tout récent (et très controversé) Gangsterdam. Les hommes violé par des hommes, c’est au mieux drôle (une « vengeance » visant à « émasculer » la victime), au pire une humiliation terrible dont il ferait mieux de se remettre rapidement (et en silence).

Comment sont dépeinte les femmes violeuses ? Elles n’existent tout simplement pas. Une femme ne peut pas violer, puis c’est comme ça.

Mais bon, je tiens à préciser : désolée du manque de sources. Désolée de balancer 2-3 références éparpillées à l'arrache, vraiment, ça me gêne. Il faudrait que quelqu’unE nous fasse un article sur la culture du viol, et l’ensemble des croyances qui contribuent à tolérer, excuser voire approuver le viol des hommes. J'aimerais bien pouvoir le citer. Sauf que je n’en ai pas trouvé.

Violences conjugales

Les violences conjugales aussi, sont un fléaux. Des femmes en meurent. 122 en France en 2015, d’après Libération, soit une femme tous les trois jours. La même année, 22 hommes sont morts également.. Soit un homme toutes les deux semaines. Citons un peu l’article :

« Libération a fait le choix de se concentrer sur les femmes. Evidemment, des hommes sont eux aussi victimes de violences conjugales. Mais l’écrasante majorité des victimes de meurtres conjugaux sont de sexe féminin. Pour de nombreuses associations et universitaires, ces meurtres procèdent d’une violence de genre, reposent sur ce que la sociologue Pauline Delage appelle «une asymétrie de genre», dans son ouvrage Violences conjugales : du combat féministe à la cause publique (Presses de Sciences-Po). »

C’est légitime… Les femmes meurent plus souvent, alors priorité aux femmes victimes. Peut-on pour autant qualifier les violences conjugales de « violences de genre » et leur combat de « lutte féministe » ?

Et le fait que moins d’hommes que de femmes ne meurent sous les coups de leur conjointE veut-il dire pour autant que les femmes sont moins souvent violentes que les hommes, frappent moins souvent ?…

Et peut-on vraiment parler « d’écrasante majorité » quand 15 % des victimes tuéEs sous les coups de leur conjointE sont des hommes ? Discussion ouverte.

Les victimes qu’on ne croit pas

Une femme victime de violences sexuelles ou de violences conjugales devra se battre pour être crue, tant par la police que par la justice.

Elle devra faire face à un système qui considère qu’unE accuséE est innocentE jusqu’à preuve du contraire – ce qui veut dire qu’en tant que victime, elle sera considérée comme une menteuse jusqu’à preuve du contraire.

Elle a de grandes chances d’être traînée dans la boue, de voir chaque détail de sa vie privée décortiqué et analysé, de voir sa parole sans cesse remise en doute, qu’on lui demande ce qu’elle portait et ce qu’elle faisait dehors à cette heure-là. Qu’on lui dise que c’est pas un viol, mais juste le devoir conjugal. Qu’on lui reproche d’avoir aimé ça, dans le fond (la salope).

Porter plainte pour viol, quand on est une femme, ça veut dire une longue et douloureuse traversée du désert.

Sauf que pour un homme, en fait, ça sera toujours pire. Un homme sera encore moins cru.

Malgré les apparence, malgré le fait qu’en tant que femme, c’est extrêmement difficile de faire reconnaître que tu as été violée, ben ce sera toujours plus dur pour un homme dans la même situation.

En fait, quand on porte plainte pour viol ou pour violences conjugales, en tant que femme, le sexisme, qui dépeint les femmes comme faibles et sans défenses, joue en NOTRE faveur. Le sexisme fait que quand on est victime de viol, être un homme est un facteur AGGRAVANT pour être cru.

 

Le site d’où provient cette capture d’écran s’appelle contreleviol.fr . Contre LE VIOL. THE viol. Le seul, le vrai, l'unique. Pour parler de chiffres, il ne se base que sur le témoignage de femmes victimes - et notons: des femmes majeures.

Le site d’où provient cette capture d’écran s’appelle contreleviol.fr . Contre LE VIOL. THE viol. Le seul, le vrai, l'unique. Pour parler de chiffres, il ne se base que sur le témoignage de femmes victimes - et notons: des femmes majeures.

Je sais. Ça fait mal au cul. Ça me fait mal au cul de l’écrire. Parce que mon féminisme crie de douleur face à toutes ces femmes qu’on ne croit pas. Parce que les 59 femmes qui ont porté plainte contre Bill Cosby et que maintenant, non seulement il est blanchi mais en plus, il donne des conférences sur les agressions sexuelles. Parce que Jacqueline Sauvage, condamnée à 10 ans de prison ferme pour ce qu’on peut décemment qualifier de légitime défense, malgré les nombreuses preuves des violences qu’elles subissait, et dont le procès absolument scandaleux a fait parler de lui.

Sauf que si Jacqueline Sauvage avait été un homme, on n’aurait même pas parlé du procès. Il aurait été envoyé en prison pour avoir tué sa femme. Point. Parce que notre société sexiste considère forcément que lorsqu’il y a violences conjugales, c’est l’homme qui est l’agresseur et que même si la femme est violente, l’homme n’a pas le droit de répliquer.

En fait, prenons n’importe quelle situation où une femme a été victime de viol ou de violences conjugales et peine à être crue. Inversons les genres. Et constatons que pour un homme, ce serait pire.

Mais soyons sérieux deux minutes : aucun homme ne subit ce qu’a subi Jacqueline Sauvage. Aucune femme ne ferait ce qu’a fait Bill Cosby. Pourquoi ? Ben parce que les hommes… Ils sont forts, robustes, qu’ils sont des agresseurs et non des victimes. Et les femmes, elles sont si faibles, elles sont des proies, pas des violeuses.

Oh REALLY ? C’est pas un peu sexiste, sur les bords, comme manière de penser ?

Sachant que les statistiques sur les femmes victimes de violences sexuelles et conjugales sont très probablement sous-estimées, vous pensez qu’elles sont sous-estimées comment, les statistiques sur les hommes victimes ?

En réalité, quand il s'agit de violences sexuelles ou conjugales, le cas de figure "homme agresseur/femme victime" sera celui dans lequel la victime a le plus de chances d'être prise au sérieux.

Oui, cette vidéo vient d’un groupe masculiniste. Je suis parfois d’accord avec les observations faites par certains masculinistes. Jetez-moi des cailloux. (Notez que je suis souvent moins d’accord avec les conclusions qu’ils tirent de leurs observations)

Si une femme subit un viol, et n’est pas crue, c’est certainement à cause de préjugés sexistes. Mais si un homme est violé, et qu’on ne le croit pas, ce sera aussi à cause de préjugés sexiste.

Un partout.

On finirait presque par croire que le viol et les violences conjugales ne sont pas un problème de sexisme, mais un problème de violence.

Pourquoi, dans ce cas, le site officiel du gouvernement français classe-t-il les « Violences au sein du couple », les « Viols, tentatives de viols et autres agressions sexuelles » avec les « Mutilations sexuelles » dans un article intitulé « Les chiffres de référence sur les violences faites aux femmes » ?

Ces violences ne sont-elles donc jamais faites aux hommes ?

Où sont les violeuses ?

Bien sûr que si, va-t-on me répliquer. Mais la majorité des agresseurs sont des hommes. Donc c’est quand même un problème d’hommes. D’ailleurs, où sont les violeuses ?
D’après le site Planétoscope… Ben nulle part.

 

(On peut trouver les mêmes chiffres sur Contre le viol. Je varie juste mes sources).

(On peut trouver les mêmes chiffres sur Contre le viol. Je varie juste mes sources).

4 % des auteurs de viol sont des autrices. Pas grand-chose, n’est-ce pas ? Presque rien. Pas assez pour s’adresser à elles, ou juste les considérer, en tous cas.

4 %, autant dire rien. Et même que c’est les statistiques officielles qui le disent. Celles qui se sont basées exclusivement sur les témoignages de femmes. Donc ça doit forcément être la Vérité Vraie. Je veux dire, les statistiques sont d'après "la permanence téléphonique Viols Femmes Informations".

C'est donc forcément très très objectif. Pas de discussion possible. 4%, on a dit, un point c'est tout.

Qu’en est-il des violences conjugales ?

Des violences faites... aux femmes?

D’après cet article, 25 % des auteurs de violences conjugales sont des autrices. On disait, violences envers les femmes, hmmm ? «  Une asymétrie de genre», « un combat féministe à la cause publique », HMMMMM ??

Ah mais c'est parce qu'elles ont une bonne excuse: "la violence est souvent réciproque". N'empêche que j'aimerais bien voir le traitement réservé à un homme qui réplique à la violence de sa conjointe.

Et puis si tu es victime ET agresseurSE, tu n'en es pas moins agresseurSE. Tu n'en es pas moins victime. Mais tu n'en es pas moins agresseurSE.

Mais ne mélangeons pas tout, et citons Maïa Mazaurette :

Un homme qui tape produit des blessures six fois plus souvent qu'une femme (...) La plupart des hommes victimes de violence conjugale disent n'avoir pas du tout peur de leur conjointe... Ne pas avoir peur, à son domicile : c'est quand même un bon indicateur.

Depuis quand la gravité des violences conjugales (des violences tout court, en fait) devrait-elle se mesurer à la gravité des blessures de la victime, ou à la gravité des syndromes post-traumatiques dont iel doit se remettre ?

Moi, ya rien à faire, mais ça me fait un chouïa penser au discours qui dédramatise les viols des femmes en disant que de toutes façons elle a aimé ça, ou qu’elle n’en est pas morte, ou qu’elle n’est pas assez traumatisée et que donc c’est pas grave.

Si nous voulons faire reconnaître que la violence psychologique, c’est tout aussi nocif que la violence physique, alors pourquoi utiliser l’argument « les hommes ont moins mal » ou même « les hommes ont moins peur » ?

(et je vous renvoie à ce texte puissant pour bien comprendre que, hey, il y a des tas de blessures invisibles . Cet article parle des violences faites par les hommes, mais partir du principe qu’une femme est incapable de faire pareil son compagnon, c’est non seulement sexiste, mais aussi de la malhonnêteté intellectuelle [TW violences si vous cliquez sur les liens]).

Sur ce, pour celleux qui parlent anglais :

Les doubles standards. Quand il s'agit de porter plainte pour violences conjugales, ou juste d'en parler publiquement, on en parle?

Croyances sexistes

Les femmes sont faibles physiquement. Elles sont des victimes. Elles n’arrivent pas à se défendre. Elles ne feraient pas de mal à une mouche.

Mais elles sont un peu instables. Des fois, elles piquent un peu des crises. Elles font des caprices de filles, elles se mettent en colère – et des fois même, elles giflent leur conjoint. Mais c’est romantique, comme dans les films hollywoodiens.

Les hommes, eux, sont forts. Ils sont agressifs. Ils veulent du sexe, partout, tout le temps, même si la femme est pas d’accord. Ils se battent entre eux puis c’est normal. Ils violent des femmes. Des fois, même, ils se violent les uns les autres. On irait pas jusqu’à dire que c’est ridicule, mais presque.

Parce que quand un homme est faible, c’est drôle. Quand c’est sa copine qui porte la culotte, ben c’est rigolo. Même quand elle lui crie dessus. Trop lolilol. Un homme féminin, c’est jamais qu’un homme émasculé… Et un homme émasculé, ça peut que être drôle.

Alors j’ai envie de dire, les violences sexuelles et/ou conjugales :

- soit on continue de dire que c’est des violences faites aux femmes, mais dans ce cas il faut ajouter que ce sont aussi des violences faites aux hommes.

- soit on arrête de les appeler « violences faites aux femmes ». Et on donne une vraie place aux hommes qui en sont victimes.

Petit point où je m’adresse aux campagnes féministes contre ces violences. Pas pour leur taper dessus, mais parce que je trouve qu’un mouvement qui lutte pour l’ÉGALITAY se doit de prendre ces informations en compte (et je sais que ce n’est pas le cas de toutes les campagnes féministes, que certaines sont hyper gentilles avec les hommes victimes et les intègrent parfaitement bien dans leur luttes, que #notAllFeminists voilà voilà) : si, dans vos campagnes, vous dépeignez les femmes comme des victimes et les hommes comme des agresseurs dans leur écrasante majorité, votre campagne est sexiste. 38 % d’hommes victimes devraient représenter 38 % d’hommes victimes sur vos affiches, vos panneaux et dans vos slogans.

Si ce n’est pas le cas, alors vous empêchez les hommes de s’identifier à la victime (et vu que souvent les mouvements féministes luttent pour une meilleure représentation des femmes dans la pop culture, « pour qu’elles puissent s’identifier », alors s’il vous plaît quoi, permettez aux hommes de s’identifier comme victime). Et imaginez l'impact psychologique que peut subir unE victime de violence lorsqu'il est constamment dépeint et considéré comme un potentiel agresseur, et lorsque c'est uniquement ainsi qu'on s'adresse à lui lorsqu'on parle d'abus qui le concernent.

Et vous empêchez les femmes de s’identifier à l’agresseuse… Qu’est-ce que cela dit de nous et de notre vision du consentement ? En tant que femme ayant été agressée sexuellement par une femme, quand vous criez vos slogans "mort aux violeurs", vous m’envoyer le message qu'il faut privilégier la visibilité des viols commis par les hommes. Qu'à cause de ça, d’autres viols sont plus importants, plus urgents, plus graves que le mien.

Alors dire à un homme qui a été victime de viol que OK, c’est grave et on compatit et tout, sauf qu’on ne l’inclura pas dans nos luttes contre le viol parce que SON viol à LUI n’est pas issu d’une violence systémique :

1. ça lui fait une belle jambe

2. à partir de quel pourcentage considère-t-on qu’une violence est systémique ? Un homme sur dix ? Un homme sur cinq ? Un homme sur trois ?…

3. C’est faux. Son viol EST issu d’une violence patriarcale : la croyance sexiste qui dit qu’un homme ne peut pas être violé. Encore moins par une femme.

La compassion n’est pas en quantité limitée. Nous pouvons aider toutEs les victimes sans « nuire à notre cause ».

Think about it.

Sur ce, bisous.

Recherche google: "campagne contre les violences conjugales". Voili-voilou.

Recherche google: "campagne contre les violences conjugales". Voili-voilou.

(NDLR: pour celleux qui me suivent depuis un moment, j'avais déjà fait un article plus ou moins là-dessus il y a un an et demie. Il était assez mal formulé (je l'ai supprimé depuis) mais le fond était plus ou moins le même. Je me suis tellement faite ramasser après l'avoir posté sur un groupe féministe de l'Internet que ça m'a fait peur. Je trouve ça effrayant que mettre en avant les STATISTIQUES, le pourcentage d'hommes abusés, soit perçu comme une menace par certains groupes féministes).

 

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B
J'aurais voulu te remercier il y a des années de ça, Decate, mais j'ai manqué de courage. Et puis avec le temps, ça m'était sorti de la tête. En effet, à une époque j'ai lu, relu et relu encore cette page. Elle a été la bouée à laquelle je m'accrochais pour éviter de me noyer dans un océan d'ordures.<br /> <br /> J'ai subi un certain nombre de violences et d'abus au cours de mon existense. En général, je le vis bien. Ce sont simplement des péripéties que j'ai traversées. Ce sont des leçons de vie, aussi. Il me semble parfois presque que c'est une chance lorsque je suis confronté à des personnes qui ne comprennent manifestement pas de quoi elles parlent.<br /> <br /> En revanche, je vis un enfer lorsque je suis confronté à deux types de discours : d'un côté ceux qui prétendent que ce que j'ai traversé n'a pas pu m'arriver puisque les victimes seraient des femmes et les auteurs des hommes et d'un autre côté ceux qui affirment qu'ayant subi ce que j'ai subi je dois demeurer traumatisé jusqu'à mon dernier souffle. L'un comme l'autre, derrière une vague apparence de solicitude à l'égard des victimes, me paraissent en réalité véritablement ignobles.
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D
Merci pour ce commentaire. Vraiment.
M
Bravo pour le courage
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F
Un exemple de message "violer un homme c'est rigolo" ? Allez voir la bande-annonce du film "Garde alternée" avec Didier Bourdon. OK, ça ne correspond pas à la définition légale du viol, dans laquelle une personne violée est forcément pénétrée, mais on a tout de même affaire à une relation sexuelle forcée, et c'est trop lolilol ! Malaise...
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A
"Les violences conjugales aussi, sont un fléaux. Des femmes en meurent. 122 en France en 2015, d’après Libération, soit une femme tous les trois jours. La même année, 22 hommes sont morts également.. Soit un homme toutes les deux semaines"<br /> <br /> Et parmi ces 22 hommes, combien tués en raison d'une légitime défense de leurs compagnes (A la Jacqueline Sauvage)? Non pas à cause de raison essentialistes comme présumé : "Ben parce que les hommes… Ils sont forts, robustes, qu’ils sont des agresseurs et non des victimes. Et les femmes, elles sont si faibles, elles sont des proies, pas des violeuses." mais bien parce que nous vivons dans une société qui éduque les personnes différemment selon le genre assigné, donc les femmes sont éduquée à être docile, douce, leurs colères sont "hystériques" tandis que les hommes sont éduqué autrement, leurs colères sont "justes".<br /> <br /> La prise en compte des viols des hommes est le fait du mouvement féministe plus que du reste de la société. Que ce soit les analyses sur l'agisme dans le viol, ou le viol homophobe / transphobes, dont les bourreaux restent des hommes, ou encore le viol par des femmes qui existent, bien sûr, de manière individuelles et non systémique.
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D
"Et parmi ces 22 hommes, combien tués en raison d'une légitime défense de leurs compagnes (A la Jacqueline Sauvage)?"<br /> Question intéressante, sans réponse malheureusement à cause du manque de statistiques. Mais vous semblez assez enclin-e à considérer que c'est le cas, apparemment, même sans aucune preuve que c'est effectivement le cas.<br /> <br /> "nous vivons dans une société qui éduque les personnes différemment selon le genre assigné, donc les femmes sont éduquée à être docile, douce, leurs colères sont "hystériques" tandis que les hommes sont éduqué autrement, leurs colères sont "justes""<br /> Les femmes sont également éduquées à penser que lorsqu'elles frappent un homme, leurs coups ne feront pas mal. Qu'elles sont faibles et de ce fait, inoffensives même lorsqu'elles frappent.<br /> Elles sont également éduquées à penser que les hommes ont tout le temps envie de sexe, et que si elles ont envie d'un rapport sexuel avec un homme, elles n'ont qu'à se servir comme dans un buffet gratuit (il sera, de toutes manières, d'accord par défaut).<br /> Ceci me paraît donc être une éducation par le système - donc, systémique - qui apprend aux femmes qu'elles peuvent frapper un homme sans crainte et le violer sans que ça soit un viol.<br /> Ce même système apprend aux petits garçons qu'il ne faut jamais frapper le filles, même pour se défendre. Le fait qu'il le fassent quand même n'est pas quelque chose que le système leur apprend, en fait.<br /> <br /> "La prise en compte des viols des hommes est le fait du mouvement féministe plus que du reste de la société."<br /> Etant donné que les manifestations féministes contre le viol le sont, bien souvent, contre le viol DES FEMMES, je ne suis pas d'accord avec cette affirmation.<br /> <br /> "Que ce soit les analyses sur l'agisme dans le viol, ou le viol homophobe / transphobes, dont les bourreaux restent des hommes, ou encore le viol par des femmes qui existent, bien sûr, de manière individuelles et non systémique."<br /> Non, les bourreaux ne sont pas tous des hommes, bien au contraire. Je ne sais pas d'où sort cette affirmation, à part de sources sexistes ne prenant en compte que les viols commis sur des femmes.<br /> En réalité, les viols commis par les femmes ne sont pas exceptionnels, mais courants. Je vous joins un article et vous encourage à en chercher d'autres:<br /> https://thoughtcatalog.com/janet-bloomfield/2014/06/women-need-to-be-educated-about-sexual-consent-right-now-they-arent/<br /> Je ne peux que vous recommander de vérifier les chiffres de viols et d'agressions sexuelles. Vous risquez d'être surpris-e.
T
Dans la quasi totalité des trucs que j'ai pu lire sur le sujet des viols commis sur des hommes, il apparaissait toujours que la majorité des hommes victimes de violences sexuelles l'avaient été dans leur enfance. Ça ne veut bien sur pas dire que les hommes adultes ne sont jamais violés, "majorité" ça veut seulement dire "plus de la moitié". Mais ça me parait quand même très important parce que ça montre bien que les violences sexuelles touchent en majorité les femmes ET LES ENFANTS quelque soit leur genre, ce qui est rarement mis en avant dans le milieu féministe, de ce que j'ai pu en voir. Malheureusement les chiffres fiables sont très rares, mais il me semble que si on ne comparait les violences commises contre des adultes, l’écart serait probablement plus important entre les hommes et les femmes adultes qu'entre les filles et garçons mineur·e·s. Mais ce n'est qu'une supposition, vu la pauvreté des statistiques disponibles. Et ça n'enlève rien à la pertinence de l'article.<br /> <br /> Ca me fait penser à une anecdote, à propos d'une organisation (dont je ne fais pas partie) qui a mis en place un groupe non mixte, de femmes, chargé de décider de la procédure à suivre en cas d'agression sexuelle au sein de l'organisation. L'idée m'avait mise mal à l'aise. Que ce soit décidé par un groupe non mixte me parait tout à fait légitime, mais alors un groupe non mixte de victimes, pas une non mixité basé sur le genre. C'est pas évident parce que ça implique de faire son "coming out de victime de violence sexuelle", si je peux dire, pour faire parti du groupe, mais c'est quand même vachement plus légitime qu'un groupe de gentes qui potentiellement n'ont jamais vécu cette situation de près ou de loin dans leurs vies. Comme si le fait d'être une femme rendait automatiquement plus à même de comprendre la situation et de prendre ce genre de décisions, alors que le fait d'être un homme, même en ayant subit soi même les violences dont on parle, disqualifie et met du côté des agresseurs.
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D
Merci pour ce commentaire très pertinent... Je vais juste préciser un petit point: "Dans la quasi totalité des trucs que j'ai pu lire sur le sujet des viols commis sur des hommes, il apparaissait toujours que la majorité des hommes victimes de violences sexuelles l'avaient été dans leur enfance"<br /> Selon les site que j'ai checké, c'est pareil pour les femmes: une majorité des victimes de viol en l'ont subi lorsqu'elles étaient mineures.<br /> On pourrait d'ailleurs presque se dire que le viol est statistiquement plus important dans un rapport adulte/mineurE que dans un rapport de genre. Le viol, une violence âgiste?... La réflexion vaut le coup.